EPISODE 1 - AVEC MARCELLE

Portrait Sonore - Durée 8’57’’ minutes.

Réalisation, son et montage : Elizabeth Clément

Voix : Marcelle / Clarinette : Xavier Clément / Piano et arrangement: Jean Samuel Racine / Chant : Elizabeth Clément

AVEC MARCELLE                                                                                              

C’t’un p’tit pays, C’t’un p’tit pays,

C’t’un p’tit pays, de Pouques-Lormes,

A côté d’Lormes, à côté d’Pouques,

Y’a personne, vingt-six habitants, c’est pas grand,

Y’a trois maisons, y’a pas grand monde vous savez,

Y’a personne, ah non y’a personne.

Un p’tit pays comme ça, il manque un boucher,

Eh ouais, y’a juste un boulanger de Saint-Martin,

C’est la femme qui fait l’pain, lui, il est mort j’crois bien,

Il passe à Luxery,

A Pouques, y’a rien du tout,

Y’a rien, y’a rien du tout,

Y’a juste un bistrot à Pouques-Lormes

Et un café en face.

Faut aller à Lormes ou à Corbigny, Clamecy ça fait un p’tit peu loin,

Oui, ça fait trop loin,

A pied ça fait un p’tit peu loin,

J’y allais tous les jours, cinq kilomètres.

Eh oui, faut une voiture pour monter en ville,

Faut un permis, eh ouais,

Petite voiturette, quatre places, c’est trop p’tit,

La 2CV c’est pareil c’est trop p’tit,

Ah moi j’aime pas la 2CV, ma tante en avait une,

Ah non, j’aimais pas la 2CV,

On peut s’mettre deux devant, deux derrière, on peut pas en mettre plus,

Oh Lormes y’a pas grand-chose, Corbigny peut-être,

Pas l’droit, l’assurance puis tout, eh ouais…

Elle a voulu traverser, elle s’est fait écraser,

Par le train, eh ouais,

Quelqu’un qui sait pas conduire, eh ben voilà,

Eh oui, elle a pas fait exprès,

Pas d’voiture,

Faut jamais traverser comme ça,

En mobylette ça fait un petit peu loin,

Eh oui on peut pas être chargée sur une mobylette

Ça monte, puis descend, puis descend

En mobylette c’est pas pareil,

Mais faut faire attention, oh ouais, faut faire attention,

Vous savez aller en mobylette ?

Ah j’aime pas l’hiver,

Eh oui ça commence à fondre, j’aime pas la neige,

J’aime mieux l’été qu’l’hiver

Si, on peut monter en ville avec un tracteur,

Ça tombe encore, oh c’est pas fini, oh non c’est pas fini,

Oh c’est pas difficile de conduire un tracteur,

Tout ça, ça use de l’essence, le moteur, de l’huile, de l’essence.

C’est bientôt Pâques,

Eh oui, faut l’argent pour tout faire,

Je fais un gâteau cocotte vous savez,

Faut mettre de la crème au beurre,

Et une petite cocotte,

Et quatre œufs, de la fécule, de la farine,

Il faut pas l’déboucher autrement il s’aplati,

J’avais vu ça sur une recette, le quatre œufs,

Eh ouais, on coupe le milieu, de la crème dessus,

Ça s’fait beaucoup,

Y’aura pas d’muguet, y’en aura pas,

C’est drôlement bon,

J’en ai trouvé à Bazoches, j’en avais plein un sac,

Oh y’en aura pas  c’t’année,

Minifour,

Il fait chaud, il a pas assez plu, ça pousse pas,

Faut l’acheter et puis c’est tout,

Oh 82 ans, ça fait pas jeune,

Eh ouais, faut être remboursé par la sécurité sociale,

Eh oui, j’suis née en 31, en 31, c’est pas tout jeune,

Comment que c’est votre nom ?

…..

C’est loin ?

…..

Ah ouais,

Jolie armoire,

C’est pour mettre tout,

J’ai perdu ma sœur, elle avait le diabète,

Faudrait l’vernir ce serait joli,

J’ai personne, j’ai plus de voisine,

Eh ouais, deux couches de vernis, si, ça serait joli,

Et vous vous avez des frères, des sœurs ?

En effet,

Ça se fait beaucoup les armoires comme ça,

Les sœurs c’est pas pareil,

Ça a d’la valeur une armoire comme ça,

C’est elles qui bêchent le jardin,

C’est dur,

Vous avez un jardin ? Vous êtes à la retraite ? Vous bêchez ?

C’est dur la culture,

C’est dur, hein, le fumier ?

C’est du boulot tout ça,

J’ai un tracteur, deux chariots, deux charrues,

C’est dur la culture, c’est du boulot,

Une faucheuse, deux juments, deux marquis,

Y’en a un d’crevé, plus d’marquis,

Des volailles, des lapins, ça mange autant,

C’est la ferme ça, c’est une p’tite ferme, des p’tits poulets, des poules, à la ferme,

Puis j’ai des vaches, faut pas les lâcher de c’temps là, faut pas les lâcher, faut pas…

C’est pas bien joli l’hôpital, c’est pas chez soi, c’est pas pareil,

Trois vaches de tuées, j’ai vu ça sur un journal,

Par le train,

Voyez, ça fait pas attention,

Vous avez des vaches ? Non ?  Moi j’en avais,

Quatre vaches, trois barrés, un p’tit veau, c’est du boulot,

Devenue sourde,

C’est trop de boulot, ça,

Ils lui ont donné des lunettes,

Ah ouais, c’est dur la culture,

Faut décharger les chariots,

Pour faire des jolis yeux,

Ça va pas bien,

Puis j’ai du bois, j’ai encore du bois,

Faut le scier le bois, moi j’peux pas scier,

Et puis fendre du bois comme ça c’est dur comme tout,

Oh ouais, j’pourrais pas, c’est dur,

Esquinter les pieds avec ça,

Il faut quelqu’un,

Ah ouais si j’avais eu des frères, c’est pas pareil,

C’est Floquet qui me le sciait,

Vous connaissez ?

Floquet.

Il a deux scies, il s’est coupé le bout du doigt,

C’est dangereux la scie, même une tronçonneuse,

Et puis la maison qu’j’ai là,

C’est pas bien à arranger, ça,

Y’a plus de plafond,

Un bout de bois et crac,

Un coup sur la tête, faut faire attention,

C’est tellement vieux, vieux,

J’ai deux caves, eh ouais,

Et un pré, c’est marqué sur le cadastre tout ça,

Ça s’vendra même pas,

Y’a trop de boulot, ça s’vendra même pas,

Y’a trop de réparations, y’a tout à refaire,

Un p’tit pays comme ça,

Oh ouais, faut un maçon,

Des parisiens…

Eh oui, des étrangers, vont venir habiter là,

Sûrement,

Des hollandais, y’a qu’ça,

Même à Pouques-Lormes,

Oh ouais, m’enfin j’sais pas si ça va s’vendre ma foi,

Eh ouais !

Il a quelque chose ce pays-là, il est p’t’être bien fait !

Vous connaissez ?